Vie à vendre – Yukio Mishima (1968)
Je propose une vie à vendre. À utiliser à votre guise. Homme, 27 ans. Confidentialité garantie. Aucune complication à craindre.
Voici l’annonce du héros de cet étrange roman de Yukio Mishima. Après avoir raté son suicide, il désespère de quitter ce monde. S’il ne sait pas vivre, apparemment, il n’est pas beaucoup plus doué pour mourir. Il décide alors de vendre sa vie au plus offrant dans le journal local. Avec un peu de chance, une affaire dangereuse le tuera, et ce sera réglé. Et comme les vies à vendre ne sont pas communes, le premier acheteur ne se fait pas attendre.
Ainsi commencent les aventures de notre héros, qui bien malgré lui, sera happé dans des histoires de gangster, goûtera à d’étranges potions, fréquentera une femme vampire, une prude et une junkie, sauvera une mission d’espionnage et découvrira les plaisirs de la richesse.
Car malgré ces péripéties, notre héros demeure tragiquement sain et sauf. Autour de lui, les catastrophes s’enchainent, les cadavres s’amoncellent, tandis qu’il se remplit les poches de plusieurs fois le prix de sa vie. Quoi de plus terrible pour un homme qui voulait juste se faire tuer tranquillement ?
Comment arrêter cette machine de destruction infernale qui fauche tout le monde sur son passage ? La mort ne serait peut-être pas la solution pour notre héros ? Prendrait-il même peut-être goût à la vie, pour laquelle il semble plus doué ?
Mishima nous livre ici le sommet de son art, qui part d’une base d’absurde pour ensuite nous faire découvrir la vie dans toute sa splendeur. On suivra avec jubilation les aventures de notre jeune héros, à qui la chance ne fait que sourire. Dans le même temps, Mishima pose des éléments de réflexion sur le sens de la vie, la relative importance de la mort. Cette dernière, privée de sa dimension effrayante et tragique, nous laisse finalement plus de place pour vivre. Du grand art.
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