La Maison aux livres – Enis Batur (2022)
Voilà un roman sur les livres et les lecteurs, qui ravira sans doute tous les lecteurs de Jorge Luis Borges ou d’Alberto Manguel. Dans ce livre, on parle des objets du même nom, de bibliothèques, du plaisir des histoires et des mots, et de la collection de ces objets fabuleux qui renferment des univers infinis.
Un écrivain de renom qui rentre de voyage fait une bien curieuse rencontre. Il découvre qu’il est le légataire d’un testament pas comme les autres. Un mystérieux personnage a passé sa vie à construire son idée d’une bibliothèque idéale. Il a fait construire, au coeur d’une forêt privée, le refuge de lecture parfait. Le bâtiment est superbe, et son contenu dépasse l’entendement. Plus de 60 ans de collection pour amasser un véritable trésor de bibliophile.
Ébloui par ce cadeau inattendu, notre auteur demeure perplexe. Qui peut donc être ce collectionneur érudit ? Pourquoi le choisir lui ? Impossible de trouver une réponse à ces questions. Le testament est malheureusement très clair: le notaire a interdiction de dévoiler l’identité de cette personne restera cachée.
Notre héros va, petit à petit, découvrir cette bibliothèque, y consacrant ses weekends, puis ses semaines, et presque toute sa vie. Il y entre à petit pas, et finit par la boire sans jamais étancher sa soif. Il se noie dans la connaissance, les histoires sans fin, les manuscrits rares, perdus et retrouvés.
Une lecture qui a forcément plue à un lecteur et amoureux des livres tel que moi. J’ai bien aimé cette exploration de l’univers des bibliophiles. D’un côté, il y a la beauté de la littérature, du texte rare, de la chasse à l’objet rare et convoité. Mais il y a aussi le côté sombre de celui qui se perd dans les livres, qui quitte trop souvent le réel et se retrouve coincé dans un monde brumeux. Des accrocs devenus victimes des pages imprimées. Je regrette peut-être un peu le manque de réponses et de fin, une chute qui laisse le lecteur sur sa faim, aspect qui pourra néanmoins plaire à ceux qui aime les fins ouvertes.
J'ai passé ma vie avec les livres, parmi les livres. J'en ai écrit quelques uns, comme éditeur j'en ai publié un bon nombre, j'en ai lu beaucoup plus, j'en ai acheté pour les lire, j'en ai manipulé pour les acheter, j'ai feuilleté leurs pages, et, avec le temps, en en couvrant les murs de ma maison, j'ai fini par acquérir au milieu d'eux une sorte de sécurité.
Éditions Zulma
194 pages
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