Clair de femme – Romain Gary (1977)
Deux naufragés de l'existence se rencontrent par hasard et tentent l'impossible : s'unir "le temps d'une révolte, d'une brève lutte, d'un refus du malheur", faire coïncider deux fragments de vie pour continuer de faire semblant de vivre. Tout en restant lucides quant à l'audace, à l'insolence même, de l'entreprise.
En quête d'oubli, Lydia et Michel font ce qu'ils peuvent pour surmonter la douleur d'une perte, imminente pour l'un, récente pour l'autre. Par un doux mouvement d'escarpolette, Romain Gary nous les montre tantôt proches, tantôt à mille lieues l'un de l'autre. Et pour accompagner cette danse, pleine de tristesse mais qui ne peut s'empêcher malgré tout d'espérer un peu, le temps du récit se fait l'esclave du souvenir capricieux.
Encore un excellent roman de mon auteur préféré, mais cette fois dans un registre plus sombre et délicat à traiter : la perte d’un conjoint. Pire même, la perte d’un conjoint qu’on aime à la folie. Que faire quand, depuis 20 ans, on partage tout et l’on vit tout à travers cette personne ? Comment retrouver son individualité forcée ?
Notre protagoniste décide de refuser de répondre à cette question : il doit impérativement retrouver quelqu’un. Il a besoin d’un récipient pour son amour et son affection, il ne saurait vivre seul et pour soi-même. Lorsqu’il croise Lydia, qui, elle aussi, a récemment perdu son mari, il saute sur l’occasion et tente de lier un lien réparateur avec cette étrangère. Y arrivera-t-il ?
Une réflexion sur l’amour et sa perte irréparable, qui expose l’angoisse de la solitude et le vide existentiel qui peut en résulter. L’amour est-il vraiment le seul but de la vie ? Un livre écrit avec la même finesse propre à l’auteur, qui est toujours au rendez-vous avec quelques touches de son humour, comme des rayons de soleils qui se reflètent sur un océan noir.
Éditions Gallimard
200 pages
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