Le paquebot – Pierre Assouline (2022)
Le libraire spécialiste en ouvrage rare Jacques-Marie Bower s’embarque à Marseille pour un long voyage vers le Japon. Tel est son métier : trouver les pépites et les ouvrages de collectionneur pour les amener dans les mains de fanatiques littéraires. Il est aussi sur les traces du grand reporter Albert Londres, qui aurait soi-disant été aperçu au Japon et devrait faire le chemin du retour sur ce paquebot.
Le George Philippar est un bâtiment flambant neuf, construit à la pointe de la technologie de cette année 1932. Pour une traversée de plusieurs mois, Bower se liera d’amitié avec certains passagers, et en fréquentera beaucoup d’autres, comme le commandant Pressagny et sa petite fille, l’assureur Hercule Martin, le pianiste russe Sokolowski, ou encore la belle Anaïs Modet-Delacourt.
Mais un jour, un groupe d’allemands se joint à leur groupe de discussion. Le débat fait rage. L’ascension au pouvoir d’un certain Hitler divise le groupe, on ne sait pas encore trop quoi penser de ce racisme, de ce fascisme qui deviendra totalitarisme dans les années qui suivront.
Un roman dense et relativement lent, mais que j’ai adoré. On aime suivre Bower dans ses réflexions d’érudit, le voir découvrir des personnages fouillés et bien construits. À l’heure où les temps de voyage ne font que réduire, cela fait du bien de se plonger dans la lenteur du siècle passé.
Pierre Assouline raconte ici non pas le naufrage d’un bateau, mais belle et bien celui d’une Europe qui n’existe plus, déjà entachée par la Première Guerre, et qui sera achevée par les folies totalitaires. Un très bon roman, comme d’habitude avec cet auteur.
Éditions Gallimard
400 pages
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