Civilization – Laurent Binet (2019)

Imaginons une version différente de l’histoire. Et si les vikings étaient descendu le long de la côte américaine jusqu’à Cuba ? et s’ils avaient donné des anticorps aux populations du continent ? S’ils leur avaient apporté des chevaux et des armes en fer solide ?

Christophe Colomb arrive aux Amériques, mais il ne conquiert rien du tout. C’est une fabuleuse raclée qui est infligée à ses hommes et lui-même. Ils s’attendaient à rencontrer des populations sauvages, ils se retrouvent face à des hommes organisés et bien armés.

L’histoire s’enchaine et, quelques décennies plus tard, ce sont les Incas qui envahissent l’Europe, et les monarques du vieux continent – nouveau monde des Incas – n’ont qu’à bien se tenir.

Il est vrai que lorsque qu’on y songe, l’histoire du monde ne tient à peu de choses. Cortez et ses hommes n’auraient jamais réussi à annihiler une population entière avec une poignée d’homme sans l’aide de maladies contagieuses pour lesquelles les centre-américains n’avaient pas d’anticorps, ni sans la supériorité militaire offerte par les armes à feu et l’acier de leurs armures et épées.

Dans ce fantastique roman, Laurent Binet mélange érudition et humour avec une habilité et une mesure qui justifie amplement le prix qui lui a été décerné. C’est le récit d’une autre mondialisation, qui bien que folle, ne semble pas impossible.

En plus d’une belle plume, j’ai particulièrement aimé découvrir l’Europe du point de vue des Incas : qui est ce dieu cloué ? Que font tous ces tondus ? Cette boisson noire qu’on appelle le vin est excellente. Cela reste étonnant qu’ils soient prêts à tuer pour de l’or, alors que nos villes débordent de cette matière. Le monde des quatre quartiers s’étend, il est temps pour l’Europe d’en devenir le 5ème.

Civilization – Laurent Binet (2019)
Éditions le Livre de Poche
Grand Prix du roman de l’Académie Française
380 pages