L’Autre Rimbaud – David le Bailly (2020)
Vous connaissez tous Arthur Rimbaud, le grand poète du 19ème. Très jeune, il commence à écrire et bouscule le monde de la poésie avec sa prose que personne ne comprend, qui donne naissance à des images inédites et fantastiques. Avez-vous déjà vu la photo de sa communion, où il prend l’air le plus sérieux possible, assis sur une chaise ? Et si je vous disais qu’il n’est pas seul sur la photo, mais que nous avons longtemps vu une version modifiée ? En effet, son grand frère, Frédéric Rimbaud, a été effacé. Mais pourquoi ?
Il est évidemment rare de ressortir de l’ombre d’un tel génie, mais le cas de Frédéric Rimbaud est tout particulier. Véritable martyre de la famille, il sera renié par sa mère et sa sœur, et même son frère viendra à le mépriser et lui donner des leçons. La femme pour laquelle il s’est battu s’en ira, et il vivra pauvre, avec à peine de quoi survivre.
On parle toujours des grands succès, des génies, des personnes hors norme qui brille comme des étoiles, mais on oublie que leurs rayons aveuglent et éclipsent tout ce que l’on peut trouver autour d’eux. Dans le sillage d’Arthur Rimbaud, seul Verlaine a assez de force pour ressortir dans l’histoire : tout le reste est flouté, comme si cela n’avait jamais existé.
David le Bailly fait ici un vrai travail de recherche afin de ressusciter et d’honorer la mémoire d’un frère, d’un ami et d’un compagnon du poète. À coup de plume, bravant les bibliothèques nationales, il brave le temps et l’oubli et fait renaître un homme avec son histoire, qui, même avec un destin sans exception, ne perd rien de sa valeur. À lire absolument !
« Arthur s’était bien gardé de raconter ses déboires à Frédéric. Au fil des années, le cadet, d’un naturel peu bavard, avait pris ses distances avec l’aîné. À l’inverse, chaque fois que Frédéric revoyait Arthur, il était content, curieux de savoir ce qu’il devenait, ce frère plus jeune d’un an mais qui toujours l’avait impressionné. Et les premiers mois à la caserne, à l’heure de se coucher, Frédéric avait lu et relu cette ‘Saison en enfer’, ces histoires fantastiques, sortes de paraboles, s’endormant au bout de quelques lignes, émerveillé par l’imagination d’Arthur. » p.81
Éditions l’Iconoclaste
367 pages
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