Un juif pour l’exemple – Jacques Chessex (2009)

Nous sommes en Suisse, au milieu de la seconde guerre mondiale. Les mouvements de droites sont tout puissant en Europe, et plusieurs suisses commencent à être séduits par ces idées racistes et populistes. Des mouvements de droite sympathisants avec les régimes totalitaires émergent dans toutes les grandes villes, et notamment dans la petite ville de Payerne.

Une vague de chômage suffit à convaincre les plus pauvres d’une injustice sans nom, dont les juifs sont presque certainement aux commandes. « Un juif pour l’exemple » est le témoignage de cette haine sans racine, de cette tourmente de l’autre, car il faut un bouc émissaire pour le punir de la misère du monde. Fernand Ischi a toujours travaillé honnêtement, mais voir sa précarité contrastante avec l’aisance financière d’un juif lui fait perdre la raison. Arthur Bloch est la victime parfaite. Il est riche, juif et insouciant. Il fera un bon exemple.

Un roman dur, qui parle d’un sujet trop peu abordé : la Suisse lors de la seconde guerre mondiale. Sa neutralité n’est que militaire. Il s’est passé beaucoup de choses, que ce soit au sein du pays qu’à travers les missions de la Croix-Rouge et les missions diplomatiques. Certaines choses dont les suisses ne parlent pas forcément, mais la plume de Chessex sera la pelle qui déterre les sombres secrets enfouis dans l’oubli.

Un juif pour l’exemple n’est qu’une histoire parmi les centaines de faits divers que le pays a préféré oublier. À lire sans aucun doute.

Éditions le Livre de Poche
83 pages