Trois gouttes de sang – Sadeq Hedayât (1932)
Sadeq Hedayât est un auteur méconnu. À tort, car il est sans doute le meilleur écrivain iranien du 20ème siècle. Né à Téhéran en 1903, il se suicide à Paris en 1951. Ayant fait ses études en France, quelque peu occidentalisé, il n’a jamais pu se sentir à nouveau chez soi en Iran, et en même temps, n’a jamais été accepté en France non plus. On sent ce désespoir dans son œuvre, cette impression de rejet et de se sentir nulle part chez soi, comme un apatride. Hedayât était aussi traducteur et a notamment traduit une partie de l’œuvre de Kafka en perse.
J’avais entendu parler de lui en lisant Boussole de Mathias Énard et je n’ai pas pu résister en trouvant son recueil de nouvelle Trois gouttes de sang chez mon libraire.
Le recueil comporte 10 nouvelles, toutes excellentes à mon goût. L’auteur sait parfaitement nous mettre dans une situation où le lecteur est impliqué, et ce, en seulement quelques pages. Il met en scène des mariages malheureux, des malentendus, des meurtres, des abandons et même la ressuscitation d’une momie ! Les auteurs du script du film connu peuvent aller se rhabiller : la nouvelle est parue en 1934 !
Le style est toujours fin et soigné. Les divers thèmes sont traités avec une élégance et une précision sans pareil. Hedayât sait mettre les mots justes sur les situations qu’il veut décrire et impliquer le lecteur émotionnellement en quelques paragraphes.
Ma nouvelle préférée est sans doute celle du chien. Qu’arrive-t-il quand un chien perd son maître et se retrouve à la rue… du point de vue du chien ?
En bref, « Trois gouttes de sang » est un recueil de nouvelles fantastiques (dans les deux sens attribués au terme), que je vous conseille vivement de lire. Et puis, c’est toujours cool de lire un bon auteur méconnu, afin de pouvoir le mentionner et briller en société pendant les repas des fêtes. Pensez-y !
Éditions Zulma
150 pages
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