Tenir sa langue – Polina Panassenko (2022)

Tenir sa langue – Polina Panassenko (2022)

Tenir sa langue, cela peut vouloir dire deux choses. La première, de ne pas trop parler, de ne pas dire un secret ou un élément fâcheux. De se taire en somme. La seconde, c’est de ne pas oublier la langue que l’on parle, la tenir fermement pour qu’elle ne nous échappe pas. Ce livre, combine ces deux définitions.

Polina Panassenko se bat pour retrouver le prénom qu’on lui a donné à sa naissance. Quand elle est arrivée en France, on l’a appelée Pauline. Parce que c’est un nom français. Comme Ahmed devient Alain ou Giovanni devient Charles. C’est plus facile pour s’intégrer.

Mais la procureure ne semble pas comprendre pourquoi Polina préférerait porter le nom que lui ont donné ses parents, plutôt que celui que la République a bien voulu lui offrir lors de son arrivée en France. Qu’est-ce que cela change ? Vous êtes française maintenant. Polina, c’était en URSS. Ici, en France, vous serez Pauline.

Mais Polina saura tenir tête. Ceci n’est qu’un des nombreux défis qu’elle a rencontrés quand elle a quitté la Russie pour s’établir à Saint-Etienne avec sa sœur et ses parents. La barrière de la langue, elle la côtoie depuis toute petite. Elle a dû se faire une place dans ce nouveau pays et dire adieu au sien.

C’est un récit d’une attendrissante douceur, le choc culturel d’un nouveau pays et les souvenirs de sa terre racontés par les yeux d’une petite fille pleine de curiosité. Et surtout, c’est drôle. De multiples passages me viennent en tête, entre lapsus de langue et malentendus culturels, qui viennent alléger les questions difficiles de l’intégration et du divorce avec sa terre natale. Une magnifique entrée en littérature.


Éditions Points

175 pages