O.K., Joe ! – Louis Guilloux (1976)

O.K., Joe ! – Louis Guilloux (1976)

Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale. Les Américains ont débarqué en force sur les plages de Normandie. La Bretagne est libérée. C’est la promesse de la victoire pour la France occupée. Les « Sammies », comme ont appelaient les enfants de l’oncle Sam, sont l’ultime coup d’épée contre une armée allemande en fuite. Des anges, ou presque.

Comme il parle anglais, Louis Guilloux est engagé par l’armée américaine en qualité d’interprète. Beaucoup de G.I. sont arrivé en conquérant, abusant parfois de leur pouvoir. Beaucoup de vols, de violences et de viols sont à déplorer. Il s’agit donc de récolter les témoignages afin de condamner et punir les criminels.

Mais petit à petit, Guilloux se rend compte que quelque chose cloche. Bien que le droit semble respecté sur le papier, et que les procédures soient aussi claires que rigides, une inquiétude s’installe. On punit bon nombre de prisonniers, la plupart soumis à la sentence de la pendaison. Un détail dérange : ils sont tous noirs de peau.

Un roman/témoignage très court, mais très prenant. On parle toujours des États-Unis comme le sauveur de l’Europe – même si la victoire devrait largement être attribués aux Russes, en vérité. Mais on ne parle jamais du côté sombre de l’affaire : de soldats parfois aussi violents que les occupants allemands, d’un racisme fort et d’une justice qui s’applique différemment en fonction de l’accusé. Mais comment critiquer celui qui vient nous livrer des nazis, la pire tyrannie du 20ème siècle ?

Un roman court, mais qui vous donnera une nouvelle perspective sur la fin de la seconde guerre et sur le racisme au sein de l’armée américaine. Louis Guilloux écrit avec un style élégant et descriptif mais subtilement drôle, presque sans essayer de l’être.


Éditions Folio
140 pages