Nature humaine – Serge Joncour (2020)
Nature humaine explore le changement radical qui s’est opéré en France sur une trentaine d’années, notamment l’impact que notre époque en constante accélération a eu sur le monde paysan. Les fermiers sont toujours plus pressés par les rendements à atteindre, les paysages habités par leurs pères et leurs grands-pères avant eux se retrouvent exploités, optimisés, zébrés par des autoroutes et des centrales nucléaires.
Le contexte politique est également instable. On passe de Chirac à Mitterrand, de la droite à la gauche, de la beauté au profit. À travers une famille de fermier, nous vivons tous ces changements radicaux, et sommes spectateurs d’un pays qui perd ses vieilles valeurs pour en accepter d’autres, à vous de décider lesquelles sont les bonnes.
C’est aussi un roman qui explore l’écart de classe, et qui nous montre le gouffre immense qu’il peut y avoir entre un fils de fermier et une femme éduquée de la ville. Quelle étrange société avons-nous construite, ou l’élite et le pouvoir décisionnel se concentrent en quelques villes, tandis que les habitants de la campagne ne peuvent que subir les directives supérieures ?
Un roman que j’ai trouvé assez long, même si j’imagine que cette longueur est nécessaire, étant donné que l’auteur nous emmène explorer 30 ans d’histoire nationale. C’est très bien écrit et agréable à lire, un roman qui donne à réfléchir sans être trop lourd.
Pour la première fois il se retrouvait seul dans le ferme, sans le moindre bruit de bêtes ni de qui que ce soit, pas le moindre signe de vie. Pourtant, dans ces murs, la vie avait toujours dominé, les Fabrier y avaient vécu pendant quatre générations, et c’est dans cette ferme que lui-même avait grandi avec ses trois sœurs, trois lumineuses flammèches dissemblables et franches qui égayaient tout.
Éditions Flammarion
400 pages
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