Morceaux cassés d’une chose – Oscar Coop-Phane (2020)

Morceaux cassés d’une chose – Oscar Coop-Phane (2020)

Vous savez quand un livre vous tombe dans les mains pile au bon moment ? S’il était venu une année, un mois, une semaine plus tôt, vous auriez manqué des éléments et des références. S’il était venu un peu plus tard, le bon moment serait passé, l’expérience aurait été réchauffée, dépassée. Ici, c’était l’année, le mois, la semaine, presque le jour parfait pour me plonger dedans à l’aveugle.

Oscar Coop-Phane nous raconte ses périples d’écrivain, ou plutôt au début, de « voulant être écrivain », car il n’ose se qualifier d’écrivain tant qu’il n’a pas publié.
Parti de la maison au milieu de l’adolescence, il a très tôt dû se débrouiller seul. Il enchaîne les petits boulots dans les cafés, les divers trafics, les addictions, les filles, les motos. Il sombre dans l’alcool, se perd dans la scène techno berlinoise avec son cocktail de drogues explosif, reviens, guéri, écrit.

Il n’a pas de ligne directrice trop rigide, pas de barrières imposées. Il prend la vie comme elle vient et la boit jusqu’à en devenir ivre. Il a soif de vivre, soif de danser, soif d’aimer et de briller, il veut tout à la fois et est rarement rassasié. Il me fait beaucoup penser à la figure de Dean Moriarty dans Sur la Route de Jack Kerouac. Comme Dean, Oscar ne vit pas : il brûle.

Un roman que j’ai lu d’une traite, sans pouvoir le poser. Voilà quelque chose qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. J’avais oublié ce sentiment de marathon, cette course d’endurance, où l’on sait que maintenant que l’on est dedans, notre vie ne saurait continuer tant que l’on ne sera pas arrivé au bout du livre que l’on a entre les mains.

Si tu veux lire un bon roman, que tu as l’ambition d’en écrire un, que tu as l’impression de vouloir tout faire en même temps et que tu ne sais pas encore exactement où diriger ta puissance créative et que tu dois encore faire face à tes démons, lis ce livre, car c’est aussi ton histoire.


Éditions Grasset
156 pages