Mémoires d’un fou – Gustave Flaubert (1901)
Publiée qu’après sa mort en 1901, mais écrites alors qu’il n’a que 17 ans, ces mémoires de jeunesse sont le témoin du talent immense qu’a toujours eu Flaubert.
Gustave Flaubert nous propose d’abord l’expérience décevante d’un amour fou, après avoir fait à 15 ans la connaissance de Maria (de son vrai nom Élisa Schlesinger), une femme mariée de 10 ans son aînée. Après l’avoir observé sur la plage tout l’après-midi, il parle au couple et se rend compte qu’elle a les mêmes goûts littéraires que lui. (Et ça, comme on le sait tous, c’est un grand plus). Il décide toutefois de ne pas avouer ses sentiments et de continuer à rêver son idéalisation exaltée
Comment rendre par les mots ces choses pour lesquelles il n’y a pas de langage, ces impressions du cœur, ces mystères de l’âme inconnus à elle-même ?
Un amour douloureux qui le confrontera à sa première déception, mais qui sera la première pierre de son éducation sentimentale.
Aussi, Flaubert est déjà bouleversé par des questionnements d’une intelligence folle sur la vacuité de la vie et la perversion règne sur le monde. Il émet une vive critique de la société qui l’entoure, qu’il trouve injuste et cruelle et dont il prévoit la chute imminente :
Alors, il y aura sans doute une joie sur terre, quand ce vampire moqueur et hypocrite qu’on appelle la société viendra à mourir. On quittera le manteau royal, le sceptre, les diamants, le palais qui s’écroule, la ville qui tombe, pour aller rejoindre la cavale et la louve. Après avoir passé sa vie dans les palais et usé ses pieds sur les dalles des grandes villes, l’homme ira mourir dans les bois.
Sa plume est déjà riche ; on peine à croire qu’une telle maitrise des mots soit possible à un si jeune âge. On y retrouve d’une part des méditations de jeunesses, mais surtout l’immense exigence de style d’un des écrivains français les plus importants du XIXe siècle.
Les mémoires d’un fou, c’est à peine 100 pages pleine de style, preuve d’un talent qui émerge, annonciatrices d’un grand écrivain en devenir. Je ne peux que vous les recommander.
Je voudrais le beau dans l’infini et je n’y trouve que le doute.
Éditions de l’Aube
114 pages
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