L’herbe des nuits – Patrick Modiano (2012)
Encore un ouvrage de Modiano comme je les aime. Pour ceux qui ne l’ont jamais lu – car les autres savent sûrement de quoi je parle – je m’explique. Dans ses romans, Modiano ne vous emmène pas dans une histoire construite, avec un début, un développement et une fin. Modiano est le maître du flou, de ce qui demeure opaque et qui est perdu depuis longtemps. Il se préoccupe toujours du passé, des choses dont il se souvient et surtout de celles qu’il a oubliées. Ses armes contre la nuit de la mémoire : ses souvenirs et ses notes prises dans des carnets noirs.
Modiano nous entraine dans des paysages brumeux et oniriques de Paris, à travers cette rue, cette place, ce café, cet appartement. Il se pose constamment les mêmes questions : qu’est devenu cet endroit ? Où s’en est allé cette personne, quelles étaient ses véritables préoccupations ? Saura-t-il la vérité un jour ? Certainement pas, mais toute la beauté est dans cet inconnu, cette recherche dans le passé, dont les réponses et les certitudes ne feraient que salir les infinies possibilités d’une histoire inachevée.
L’herbe des nuits, comme je l’ai écrit plus tôt, ne fait pas exception à ce thème. Modiano avait 17 ans quand il fréquentait Dannie, une jeune fille qui habitait à la Cité Universitaire. Elle avait des faux papiers et avait commis un meurtre. Pourquoi ? Dans quelles circonstances ? Il ne le saura jamais. Il arpente les rues qui ont changées de nom, se rend sur les lieux des établissements qui n’existent plus, à la recherche de la fumée du passé qui s’est dissipée depuis longtemps, emportant les faits et les évidences à jamais.
Si vous êtes déjà converti, ce livre va vous plaire. Et si c’est votre premier Modiano, je pense que c’est aussi une excellente porte d’entrée dans l’univers des souvenirs de ce grand prix Nobel de littérature 2014, cueilleur d’étoiles en fin de vie qui tente de les saisir quand elles brillent encore, mais qui souvent, échoue. Leurs lueurs demeurent alors dans ses yeux. Ou dans ses livres.
Éditions Folio
168 pages
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