Les envolés – Étienne Kern (2022)

Les envolés – Étienne Kern (2022)

En 1912, le 4 février, un homme s’apprête à faire l’impossible. Son invention s’appelle le parachute. Et selon lui, il pourrait bien sauver la vie à des centaines d’aviateurs, qui ne cessent de tomber vers leur mort, ce que soit à cause d’un moteur défectueux ou d’une aile endommagée. Il saute, il vole, mais surtout, il tombe, et s’écrase en bas des 57 mètres qui le séparaient du sol. C’est le premier saut en parachute, et par la même occasion, la première fois dans l’histoire que la mort est saisie en direct avec une caméra.

Franz Reichelt a toujours eu du mal à s’intégrer à Paris. Il n’a que peu d’amis, et a bien souffert pour enfin ouvrir son échoppe de tailleur. Émigré autrichien, il est mis dans le même camp que les Allemands. Et au début du 20ème siècle, on ne fait pas trop confiance aux anciens ennemis.

Mais s’il y a une chose en laquelle on croît, c’est le progrès. Les frères Wright viennent d’inventer l’avion. Les vols et les essais se multiplient. Des écoles de pilotages ouvrent dans toute la France. Blériot traverse la Manche. On arrive enfin à assouvir le plus grand rêve de l’homme, partagé par Icare et de Vinci : celui de voler comme les oiseaux.

Mais si l’enthousiasme fait rage, les accidents aussi. Des centaines d’aviateurs y laissent la vie. On cherche alors une solution. On donnera 5'000 francs à celui qui arrivera avec une solution viable. Et Franz, pressé de plaire, aveuglé par l’amour, veut tout faire pour honorer la mémoire d’un ami, et ravir celle qu’il aime.

Un tout premier roman récompensé par le Goncourt du Premier Roman, et ce n’est pas pour rien. En moins de 200 pages, on sympathise pour Franz, mais aussi pour son époque naïve et enthousiaste, qui ne sait alors rien des horreurs qu’elle s’apprête à traverser. Une ode au joyeux Paris de la Belle Époque, et au courage des inventeurs, qui, malgré leurs erreurs et leurs échecs, qui parfois leur coûtent la vie, font avancer l’humanité vers le progrès.


Éditions Folio
157 pages