Les dieux ont soif – Anatole France (1912)
Au lendemain de la Révolution, la terreur règne sur Paris. Tout homme ou femme suspecté d’être noble, aristocrate, ami d’une de ses deux classe, immigré, conspirateur, gêneur des bonnes mœurs ou coupable de quelconque petite faute pouvant gêner l’ordre public de près ou de loin est condamné à mort. Les prisons sont pleines, la lame de la guillotine s’use plus vite que jamais et la place publique est tapissée de sang. Les dieux ont soif.
C’est dans cette situation de dégénérescence des idéaux des lendemains meilleure que l’on rencontre le citoyen Évariste Gamelin, peintre à la main juste assez adroite pour en vivre chichement, mais sans le génie pour faire de lui un maître. Ce serait bien difficile de gagner son pain à l’aide de son pinceau, même avec du talent. Car Paris, n’a plus rien à manger. Les rationnements sont mis en place, il y a la bagarre à l’entrée de tous les commerces. Le peuple se bat pour un œuf ou un morceau de fromage. On a oublié le gout de la viande.
Victime de cette pauvreté grandissante, Evariste idéalise Marat et Robespierre, qu’il tient pour les sauveurs de la nation. Comme tout Paris, il est dévasté par la nouvelle de l’assassinat de ce premier grand homme. Et quand on décide de le nommer juge au Tribunal révolutionnaire, tout change pour le jeune homme.
Les accusés sont condamnés à la pelle. Presque littéralement, car au bout d’un moment, les jugements se font par groupe. Ce n’est pas une personne mais 3, 4, 10, bientôt 50 accusés qui sont jugés de la manière la plus arbitraire. Le doute de laisser vivre un dissident n’est pas permis, et il s’agit de vider les prisons de Paris qui commencent à saturer. La barbarie prend le masque du progrès, l’obscurantisme et le fanatisme s’allient pour éteindre les Lumières.
Un grand roman sur une période dont on parle peu, celle des travers de l’après-révolution, là où la France se cherche et ne sait que faire, un chapitre indépendant ou elle ère sans lumière, entre la royauté toute puissante et son empereur à venir. À lire sans aucun doute.
Éditions Folio
273 pages
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