Les belles images – Simone de Beauvoir (1966)
Laurence est mariée à Jean-Charles, et cela la définit bien plus que son emploi dans la publicité. C’est une femme, elle est mariée, elle est mère. Voilà de quoi vous combler. Les apparences sont sauves, tout est comme il faut. Écoute ton mari, ne fait pas trop de bruit, occupe-toi des enfants, et tout ira bien.
Le jour où le nouveau compagnon de sa mère Dominique la quitte, celle-ci est outrée. Comment va-t-elle faire ? Qu’est-ce qu’une femme sans mari. De plus, du haut de ses 50 ans, elle est maintenant bien trop belle pour trouver un amant. Comment sauver la face ?
La fille de Laurence et Jean-Charles, Catherine, se fait une nouvelle amie. Elle lit des livres, mais aussi et surtout, les journaux. Alors Catherine pose des questions, s’interroge sur la marche du monde. Laurence est alors bien embêtée : elle-même, ne s’en est jamais préoccupée. Après tout, ce sont des affaires d’hommes. Mais comment éduquer un enfant et l’amener vers la connaissance, quand on baigne soi-même dans une ignorance totale ?
« Non » ; elle a crié tout haut. Pas Catherine. Je ne permettrai pas qu’on lui fasse ce qu’on m’a fait. Qu’a-t-on fait de moi ? Cette femme qui n’aime personne, insensible aux beautés du monde, incapable même de pleurer, cette femme que je vomis. Catherine : au contraire lui ouvrir les yeux tout de suite et peut-être un rayon de lumière filtrera jusqu’à elle, peut-être elle s’en sortira… De quoi ? De cette nuit. De l’ignorance, de l’indifférence.
Dans ce roman moins connu de son œuvre, Beauvoir, nous montre la transformation d’une femme qu’on a réduit au silence et traité à l’édulcorant, qui ose briser et dépasser les belles images, pour enfin vivre dans le vrai, et faire le monde sien. Un roman important.
Éditions Folio
183 pages
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