Les Belles Endormies – Yasunari Kawabata (1961)
Après avoir parlé de Mishima et de Murakami, j’avais envie de lire un Kawabata, auteur dont je n’avais que vaguement entendu parler.
« Les Belles endormies » est un établissement tout particulier où les clients se rendent pour passer la nuit aux côtés de jeunes adolescentes endormies par de puissants narcotiques. Pas de paroles, pas d'échange : le client et les jeunes femmes ne partagent aucun moment de conscience. Seul le vieillard est réveillé, la fille ne se réveillera qu’une fois le client parti.
L’occasion pour nous de se plonger dans les méditations du vieil Eguchi, qui contemple ces jeunes corps innocents qui lui rappellent sa jeunesse. Il pense à la mort, à la jeunesse disparue, au monde qui l’oublie déjà.
L’idée semble répugnante, mais le roman est beau. Là réside tout l’art de Kawabata. J’éprouvais une vive répulsion envers un vieillard qui paye pour passer la nuit aux côtés d’un corps inconscient, mais au fur et à mesure que je tournais les pages, j’ai été envahi d’une vive compassion pour le vieil homme. Douleur de vieillir, solitude et, à sa manière, une profonde forme de respect.
Kawabata est un créateur de compassion. Je vous défie de ne pas sympathiser avec le vieil Eguchi, malgré le dégout initial que vous éprouverez.
Éditions le Livre de Poche
120 pages
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