Les 10 règles d’une bonne conversation, d'après Maxime de la Rochefoucauld
Une des plus terribles malédictions d’un esprit affuté est qu’il peut parfois venir avec une conversation des plus ennuyeuses. On le voit bien dans les bars universitaires, que ce soit les avocats ou les étudiants en lettre: il arrive de tomber dans des discussions qui traitent uniquement de leurs spécialisations respectives. Tout le monde veut briller, mettre en avant ce qu’il sait, écraser les arguments des autres pour démontrer sa supériorité. Quant à parler d’autre chose de plus léger, non merci, ou seulement après une jolie quantité d’alcool.
Une conversation n'est pas une parade, mais avant tout un moyen d'échanger. Certes, il arrive de confronter des idées adverses, mais trop souvent, une discussion tourne autour d'une bataille de raison.
Il me semble que ce problème ne soit pas limité à notre époque. Au 18ème siècle déjà, un homme parut remarqué cette tendance dans les salons français qui accueillait les plus grands noms comme Racine, Boileau ou Molière. Préférant retenir sa prétention, et lâcher sporadiquement des aphorismes et des remarques pertinentes, il préféra mettre sa connaissance dans son livre “Maximes et réflexions” au lieu de l’étaler devant autrui. Il s’appelait Maxime de la Rochefoucauld.
Il y a un passage dans le livre IV ou il nous livre les règles qui, selon lui, sont fondamentales à une bonne conversation. Les voici :
1: Écoutez avec attention celui qui parle
Si l’on veut être écouté, on se doit d’offrir une certaine réciprocité. Bon nombre de personnes sont plus préoccupés par ce qu’ils veulent dire ou répondre, plutôt que par les propos de son interlocuteur. L’interruption n’est jamais bonne, et frustre toujours.
2: Aucun besoin d’argumenter sur des éléments non essentiels
Gardons notre temps pour ce qui est vraiment important. Il faut déjà contredire au minimum, mais certainement pas perdre du temps avec les futilités. Avoir raison
3: Parler de manière naturelle et s’adapter à l’humeur de la pièce
Il ne faut pas tomber dans la légèreté quand l’humeur est au sérieux, ni casser l’ambiance avec des propos lugubres quand la conversation est joviale. C’est là la première politesse qui nous permettra d’entrer naturellement dans la conversation et de faire entendre nos idées.
4: Ne jamais paraitre être le maître de la conversation
Une conversation se fait toujours au minimum à deux, et vous n’êtes pas le capitaine du navire. Ramener toujours la conversation au sujet et à la conclusion qui nous est chère ennuiera certainement votre audience, si elle n’y revient pas d’elle-même. Il faut être agile et savoir s’adapter avec le courant.
5: Laissez l’autre arriver à ses propres conclusions
Personne n’aime recevoir de leçons, et certainement pas de quelqu’un avec qui l’on est en désaccord. Il s’agit de naviguer autour des vues de l’autre et y ajouter ses propres observations, afin de le laisser faire le chemin vers la raison. Il me semble que Socrate était d’ailleurs passé maître dans cet art.
6: Ne jamais utiliser des mots et des expressions plus tragiques que nécessaire
Alerte aux snobs, donner trop de gravité et de poids à ses propos peut parfois sembler hautain ou ennuyant. Chaque propos doit être appuyé dans une juste mesure.
7: Retenir les idées qui peuvent fâcher l’autre
Avoir ses idées et ses opinions n’est pas mauvais, mais il faut éviter qu’elles heurtent notre interlocuteur. Affirmer des idées valides est une chose, mais il ne faut pas les forcer sur les autres. On peut les amener habilement, mais l’abus ne mènera à rien.
8: Toutes conversation ne peuvent pas être entretenue avec tout le monde
On ne peut aborder tous les sujets avec tout le monde. Il s’agit d’évaluer les intérêts et les capacités de chacun, puis d’amener les sujets appropriés.
9: Savoir garder le silence quand il faut
Tout le monde ne sait pas se taire. Et il s’agirait d’apprivoiser ce talent. On peut condamner ou approuver avec un silence éloquent, offrir un silence moqueur ou un silence respectueux. Savoir quand parler est une chose, mais savoir quand se taire est peut-être encore plus important.
10: Dans le doute, toujours revenir à la règle 9
S’il est difficile de poser une règle stricte quant au silence, il est souvent préférable dans le doute. Ce que l’on n'articule pas ne peut nous nuire, et dans la plupart des cas, écouter et ne pas se forcer à débiter des paroles négligées nous rendra service.
Connaissiez-vous ces règles de conversation ? Qu’en pensez-vous ? Dites-nous tout dans les commentaires !
Comments ()