Littérature étrangère

Le vieux qui lisait des romans d’amour – Luis Sepúlveda (1989)

Au cœur de la jungle amazonienne habite le peuple des Shuars. En pleine harmonie avec la nature, ils sont nomades et souvent incompris des villageois qui débarquent avec leurs fusils et les traitent de sauvages.

Peu d’hommes sont familiers avec les deux cultures, mais Antonio José Bolívar en fait partie. Veuf, il traverse la forêt en quête de sens et vivra pendant des décennies avec les Shuars, qui lui livrent leurs secrets, tout en lui signifiant bien qu’il ne sera jamais des leurs. Aux yeux des colons, c’est un être de la forêt. Entre deux mondes, n’appartenant ni vraiment à l’un ni à l’autre, il fera office de pont dans notre aventure.

Quand les villageois d’El Idilio accusent à tort les Shuars d’un meurtre sanglant, le vieil homme est appelé pour une mission visant à traquer le vrai coupable : une redoutable panthère noire, bien malgré lui. Car lui, tout ce qui l’intéresse, c’est de lire des romans d’amour, pour redécouvrir et revivre ce que la vie lui a enlevé.

Luis Sepúlveda achève l'écriture de ce roman en 1988, l'année même de l'assassinat de son ami brésilien Chico Mendes, le défenseur de la forêt amazonienne. Une fable qui trouve donc ses racines dans des préoccupations très actuelles, et qui nous parle des dangers et de la fragilité d’une nature trop souvent négligée et abîmée, mais parfois sous-estimée.

Un roman court à mettre entre toutes les mains. Il traite d’un sujet brûlant. Il aurait pu adopter un ton critique et vindicatif pour attiser la colère et la rancœur, mais non. Il traite des choses de manière imagée, douce et élégante, et nous met en face de notre incapacité à préserver ce que nous avons de plus précieux.