Le soleil est aveugle – Curzio Malaparte (1958)
Une guerre sans espoir, sous le Soleil, indifférent, impassible, aveugle aux souffrances humaines. Que le Soleil éclaire les actions des hommes : on ne peut rien lui demander d'autre. On ne peut pas demander au Soleil de souffrir avec nous, de s'émouvoir de nos souffrances. On ne peut pas lui demander d'être bon, juste, pitoyable. Le Soleil est aveugle.
Lors de la Grande Guerre, Malaparte a 16 ans. Il s’engage pour aller se battre en France. Alors, quand Mussolini donne l’ordre d’attaquer ce pays qu’il aime tant, il est dévasté. Et il n’est pas seul. Bon nombre d’Italiens travaillent déjà en France, et répugnent à donner un coup de couteau dans le dos de ce camarade déjà à genoux.
Dans Le soleil est aveugle, on suit la bataille des Alpes, qui oppose les bataillons alpins français et italiens, des hommes qui se connaissent et se respectent. Les ordres sont donnés, les actions entreprises, car il le faut bien, mais le cœur n’y est pas.
Car, quand le sang tache la neige, que la peur saisit les hommes, que le ciel pleure et que le soleil préfère détourner son regard, il n’y a pas de victoire possible. Toute issue a le goût de l’horreur. Les hommes, guides de montagne, gardiens de troupeaux, instituteurs, ouvriers, cuisiniers, savent exercer bien des métiers. Mais ce qu’on leur demande, dans ces montagnes qu’ils connaissent et aiment tant, c’est de se convertir en meurtriers. Et d’assassiner leurs frères.
Une des seules plumes italiennes à condamner cette trahison envers la France, Malaparte fut censuré. Un roman qui dénonce la folie des hommes, qui parfois décident de violer la paix et la fraternité au nom d’une cause de pouvoir. Un roman important sur la Seconde Guerre mondiale vue par les Italiens.
Éditions Folio
158 pages
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