Le bâtard de Nazareth – Metin Arditi (2023)
Dès son plus jeune âme, Jésus grandit en marge de la société. De la bouche des autres enfants, il apprend qu’il est un « mamzer », un « bâtard ». Joseph n’est pas son père biologique : il aurait accueilli Marie dans son foyer après qu’elle ait été abusée par un légionnaire romain anonyme. Souillée selon la loi Juive, elle ne devrait plus pouvoir prendre époux.
Il grandit dans cette marginalisation, cette intolérance de la faute commise qui n’avait rien de volontaire. Qui choisit d’être violé ? En quoi est-ce juste que cette loi condamne la mère, puis le fils, ainsi que les sept générations qui suivent ? En grandissant, le mépris de Jésus pour cette loi juive exclusive et punitive ne fait que grandir. La religion ne devrait-elle pas pardonner ? Faut-il vraiment suivre des règles aussi strictes et irrévocables ?
Sa vie bascule quand il rencontre Jean le Baptiseur, qui déjà, défie les lois juives traditionnelles. Mais il convertit en menaçant les adeptes de l’enfer, une politique de la peur qui déplaît à Jésus. Jean lui propose néanmoins de demeurer suiveur. Il lui promet que d’ici peu, il reprendra la tête des fidèles.
C’est Judas, un autre bâtard, qui, contrairement à Jésus, a un plan bien défini. Un plan qui hissera cette mésaventure au rang de mythe, la mort de Jésus en martyre.
Une réinterprétation très intéressante de la vie de Jésus. Je l’ai trouvé moins édulcorée que bien d’autres. Jésus est loin d’être parfait et la foule ne le suit pas toujours. Peut-être que Judas me semble un peu trop visionnaire avec son idée de révolution et de propagation d’un mythe.
Néanmoins, j’ai beaucoup aimé cette tension entre les règles strictes qui maintiennent l’ordre et rassemblent un peuple toujours en mouvement, et cette volonté de les assouplir afin d’inclure non pas uniquement les hommes droits, mais toutes les âmes du royaume, soient-elles viles ou malades. Jésus mourra sur la croix, défendant l’inclusion, la tolérance et le pardon, lui qui, toute sa vie, a subi leurs contraires.
Éditions Grasset
193 pages
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