Le Baiser au lépreux – François Mauriac (1922)
Dicté en à peine deux semaines, « Le Baiser au Lépreux » marque le début d’une série de grands livres de la part de l’auteur, comme « Thérèse Desqueyroux » ou « Le Nœud de Vipère ». Le livre fait tout de suite scandale, et sera l’annonciateur du style mauriacien, mêlant les thèmes de la bourgeoisie et de la chrétienté.
Jean Péloueyre est riche et jouit donc d’un confort matériel et d’une éducation sans faille, mais dame nature lui a ôté un seul privilège qui pourtant, est essentiel : la beauté. Encore, être beau est une chance déjà exceptionnelle. Pour Jean, simplement ne pas être laid aurait déjà été un cadeau de Dieu. Car Jean n’est pas juste laid, il est repoussant. De ce fait, il passe le plus clair de son temps chez lui, les volets fermés, à l’abris des regards moqueurs.
Son destin bascule lorsque son père décide de le marier. Il a pitié de sa future femme qu’il admire tant. Belle, jeune, fraîche et innocente, comment lui imposer sa laideur, ses trait repoussant, son corps faible et malade ? Du côté de la belle Noémie, comment être une bonne épouse chrétienne tout en devant subir la répugnance physique qu’elle éprouve pour le mari qu’on lui a imposé ?
Je ne dirais pas que ma lecture m’a plu de A à Z, car le rythme est plutôt lent et peu de chose se passent, mais j’ai été touché par cette tension entre deux être fondamentalement bons dans leur âme, mais que le physique éloigne. Il y a aussi beaucoup de phrases magnifiques et de références discrètes à nombreuses pièces de théâtres ou poèmes. Mauriac n’hésite pas à puiser chez ses paires pour légèrement en modifier les phrases, ajoutant une nouvelle dimension à la formule tout en leur adressant un clin d’œil. Une lecture agréable et instructive.
Éditions le Livre de Poche
160 pages
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