L’angélus – Richard Millet (1988)
Trois courts romans qui se font échos, publiés d’abord séparément puis réunis en poche en un seul volume. Le thème est commun – la création artistique ¬– et se décline dans trois voies différentes : la musique, la peinture et l’écriture. Trois narrateurs qui souffrent de leur art, certains bénis par le talent, d’autres pas.
Le premier roman, l’angélus, est sans doute mon préféré. L’enfance du narrateur est bien développée, ainsi que la description de son chemin vers la musique. Le roman regorge de références musicales, et pose une seule question : comment peut-il appeler son travail une œuvre ? Souffrant du syndrome de l’imposteur, il n’arrivera jamais à concilier sa passion et sa vie, oubliant la seconde au profit de la première.
Le second roman est l’histoire d’amour incestueuse entre deux frères. Le narrateur ne vit que pour son frère, un être parfait, un ange. Quand ce dernier monte à Paris, la séparation est difficile et le petit frère ne vit plus que dans l’attente d’une réunification. Quand il monte à Paris pour étudier la littérature, son frère s’est fait peintre. Seulement, il a eu le mauvais goût et l’égoïsme de se marier.
Le troisième roman relate la vie d’un écrivain qui n’écrit pas. Il s’invente un mentor afin de se donner des conseils et travaille pour lui. Comme pour les deux autres narrateurs, il entretient des relations compliquées avec la gente féminine : comment pourraient-ils aimer les autres alors qu’ils sont tous remplis d’une haine profonde d’eux-mêmes ?
Un ouvrage troublante mais profondément intéressante. Je ne dirais pas que j’ai pris plaisir à cette lecture au sens littéral du terme, mais j’ai beaucoup appris et suis sorti de ma zone de confort. Je lis aussi pour être étonné, dérangé, bousculé. En ce qui concerne ce livre, la mission est accomplie.
Éditions Folio
278 pages
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