Laissez-nous la nuit – Pauline Clavière (2020)
Max a tout fait pour sauver son imprimerie : il a modifié ses comptes, retardé ses paiements, effectué quelques manipulations ici et là, mais rien à faire, il a dû mettre la clef sous la porte. Divorcé, au niveau sentimental cela ne va pas fort non plus. Quand rien ne pourrait le sortir de sa dépression douce, quelle n’est pas sa surprise quand la police vient le cueillir comme une fleur trop sèche dans son jardin ensoleillé et qu’il se retrouve au tribunal, condamné à 3 ans de prison pour une facture non réglée.
Il est alors jeté dans un établissement délabré où il devra apprendre à se défendre et se faire une place. Mais la prison, ce n’est pas un environnement facile pour un cinquantenaire qui n’a rien d’un gangster. Durant ses plus longues et sombres vacances, il croisera le chemin de Marcos, son ange gardien, de Bambi, le serviteur des puissants, du Serbe, de Sarko, de la Bête et des gardiens, les bienveillants comme les mal intentionnés.
Un premier roman d’une grande sensibilité qui remet en question le statut du prisonnier et les conditions de détentions exécrables que l’on peut trouver dans certaines prisons. Celles-ci peuvent être des lieux insalubres et incommensurablement dangereux pour le détenu : que ce soit un coup de couteau d’un détenu, la frappe bien placée d’une matraque de gardien ou la maladie, la sécurité est tout sauf garantie. Quoi de tel qu’un peu d’intensité et d’incertitude pour redonner goût à la vie à un dépressif ?
C’est une réflexion que je trouve importante, car la prison, qu’est-ce ? En théorie, un lieu où les criminels sont censés réfléchir à leurs actes et se préparer à une réinsertion correcte. Or, certaines prisons n’ont rien à voir avec la théorie. Ce sont des lieux dangereux où le détenu doit se battre pour sauver sa peau et rester hors de danger.
Un roman que je recommande à tous les lecteurs qui n’ont pas peur de s’attaquer aux volumes imposants. On ne saurait écrire un livre qui se passe en prison à moins de 500 pages dans tous les cas : il nous faut cette impression de longueur et d’attente qui tiraille notre héros.
Éditions Grasset
616 pages
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