La petite fille de Monsieur Linh – Philippe Claudel (2005)

La petite fille de Monsieur Linh – Philippe Claudel (2005)

Monsieur Linh regarde à l’horizon, et ne voit rien que le vaste océan. Son village a été détruit, il a été forcé de partir vers une terre nouvelle. Il est maintenant seul, ou presque, car dans ses bras dort sa petite fille.

Derrière lui, son pays s’éloigne. Il dit adieux à son fils, sa belle-fille, ses parents, ses ancêtres. Loin de chez lui, il n’est plus lui-même. Il se sent comme déraciné. Comment changer, s’adapter à une nouvelle vie, à son âge ? Il n’avait jamais quitté son île.

Monsieur Linh découvre la ville. Elle est si étendue que l’on peut conduire en voiture pendant plusieurs heures sans la traverser tout à fait. Cette ville est trop grande. Ses habitants ne se connaissent même pas, ne se saluent pas dans la rue. Au village, tout le monde prenait des nouvelles de son voisin, personne n’était inconnu. On était toujours le fils d’un tel, l’ami de l’autre, le frère d’un père ou la sœur d’un fils. Ici, l’anonymat règne.

Que faire, seul et accompagné d’un bébé ? La langue même de ce pays lui est inconnue. Mais l’aventure de monsieur Linh et de sa petite fille est sur le point de changer lorsqu’il fait la rencontre du gros homme, sur ce banc blanc faisant face au manège.

Un récit court mais poignant que j’ai lu presque d’une traite. Il y a tant de douceur et d’ingénuité sous la plus de Claudel qu’il est impossible de ne pas déborder de compassion pour ce grand-père si perdu, et qui, paradoxalement, semble avoir toutes les clefs du bonheur.


185 pages
Éditions le Livre de Poche