La mémoire n’en fait qu’à sa tête – Bernard Pivot (2017)
J’ai trouvé ce livre il y a deux jours dans la boîte à livre de mon village. Je connais Pivot par la télévision, l’ayant d’abord vu sur le plateau de la Grande Librairie avec François Busnel, pour ensuite me pencher sur sa propre émission : Apostrophe. Ce lecteur vorace, familier et parfois intime avec certains des plus grands auteurs du 20ième siècle, m’a toujours fasciné, de par son immense culture littéraire et sa capacité à mener des entretiens à bien avec des personnalités fondamentalement différentes.
Dans ce livre, chaque chapitre est un souvenir rappelé par la lecture d’une phrase ou d’un passage. Il commence par nous donner la citation, puis l’élabore en quelques paragraphes. Il sera question du vin et de gastronomie française, de cigares, de calembours, de l’orthographe, de Romain Gary, de l’académie Goncourt, du Figaro littéraire, de Françoise Sagan, de la beauté des écrivains, de la vie littéraire en 1966. En somme, de nombreux sujets qui, de près ou de loin, touchent à la littérature et aux écrivains.
Un collage de souvenirs et de témoignages très agréable à lire, qui vont fera rire ou regretter le passé. J’ai adoré !
Pourtant, les silences de Marguerite Duras à Apostrophe étaient sublimes. Ils donnaient du suspens ou du poids à ce qu’elle allait dire. Ces deux secondes de réflexion entre le dernier mot de ma question et le premier mot de sa réponse étaient en sommes très éloquentes. Au début de l’entretien, elle m’avait déconcerté. Puis, j’ai compris que, en dépit de ma hantise du vide, je ne devais pas brusquer mon invitée, mais la laisser maîtresse de son temps. Quel spectacle d’ailleurs que de l’observer, la tête posée au-dessus de son col roulé, en train de trier silencieusement les idées et les mots !
Éditions Albin Michel
220 pages
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