La Fortune des Rougon – Émile Zola (1871)

La Fortune des Rougon – Émile Zola (1871)

La Fortune des Rougon est le roman fondateur de la saga des Rougon-Macquart. S’il y a deux ordres de lecture recommandés (le chronologique dans l’ordre de parution et celui de Zola), ce roman est toujours le premier.

Rougon est le fils légitime, Macquart le bâtard. Et à mon humble avis, ils sont tous les deux détestables. L’un veut la gloire et la fortune, et fera tout pour se ranger dans le camp des vainqueurs, faisant preuve d’un opportunisme rare. L’autre a les mêmes désirs, même s’il lui manque l’esprit pour mettre en marche des plans plus complexes que faire travailler sa famille pour le nourrir.

Le livre se dresse aussi comme une vaste critique de l’époque, ici juste au moment du coup d’État de Napoléon III. Je me demande comment les prochains livres s’inscriront dans l’histoire politique française.

Et il faut aussi dire que l’humour et la plume de Zola sont un régal. Il se moque de ses personnages avec un tel cynisme, et sait lancer des remarques justes, franches et brutales, sans faire preuve d’aucune concession. Néanmoins, lorsqu’il raconte un bel et noble acte, il sait sortir son lexique admiratif, tout aussi fourni.

En bref, une histoire bien fournie, des personnages autant détestables qu’attachants, des descriptions bien tissées qui ne tirent pourtant pas trop en longueur, un humour qui n’a pas vieilli, un contexte historique passionnant, la suite s'annonce bien.


Éditions Folio Classique
451 pages