Française – Alexandre Jardin (2020)

« Désobéir ensemble à la bêtise du monde » : voilà la citation mise en avant sur la bandelette rouge du dernier roman d’Alexandre Jardin. Connu pour ses romans aux thèmes agréables et sans grosse vague (politique du moins), l’auteur en a marre. Marre d’une France mal gérée, marre des injustices, marre du racisme, marre d’un écart social qui se creuse tous les jours davantage. Il décide de ne plus écrire pour « éviter par l’imagination » mais pour « se révolter ».

« Française », c’est l’histoire de Kelly Francoeur, une femme plus que malmenée par son pays. Employée au service des remplacements en tant que professeure de français, elle mène un mode de vie précaire. Elle met de l’essence dans sa voiture à coup de 20 euros, compte chaque sou et transpire chaque mois pour rembourser l’emprunt de sa minuscule maison.

Quand l’État décide de mettre une taxe sur le carburant, c’en est trop. Le peuple en a marre de subir les décisions d’un état élitiste et centré qui prend ses décisions depuis ses confortables bureaux ou sa table réservée au café de Flore. Française est un livre qui dénonce les inégalités croissantes que subit la France, à travers les vies de Français du peuple. C’est l’histoire de la disparition de la classe moyenne et des travailleurs exploités par un état qui a perdu la confiance de ses citoyens.

Est-ce normal de trouver tant de précarité dans un pays développé ? Qu’est-il arrivé à la France ? Je ne vais pas me positionner politiquement sur le sujet. Néanmoins, il faut dire qu’Alexandre Jardin sait bien mettre le doigt où cela fait mal, afin de mettre en lumière des vérités – injustices, exploitations, abus – qu’on ne saurait plus ignorer. C’est aussi la mission de la littérature que de s’occuper des problèmes socio-économiques. Ce roman marque le début d’une révolte.

Éditions Albin Michel
317 pages