Fictions – Jorge Luis Borges (1951)
Jorge Luis Borges est l’un des dix, peut-être des cinq auteurs modernes qu’il est essentiel d’avoir lus. Après l’avoir approché, nous ne sommes plus les mêmes. Notre vision des êtres et des choses a changé. Nous sommes plus intelligents. Sans doute même avons-nous plus de cœur.
– Claude Mauriac
Cette citation figurant en quatrième de couverture me semble parfaitement juste pour résumer la lecture de Borges. Chacune de ses phrases est travaillée, précise, gorgée d’années de lecture intense, de références littéraires aussi populaires qu’obscures, d’un style aiguisé qui ne sacrifie rien à l’aisance de la compréhension.
Parmi les quelques nouvelles du recueil, toutes ne sont pas simples d’accès, mais même si l’on ne saisit pas tout, on aura droit à une leçon de style.
La fameuse « Bibliothèque de Babel » nous parle d’un lieu où tous les livres du monde – ceux qui ont été écrits et qui seront écrits, ceux qui ont du sens comme ceux qui n’en n’ont aucun – sont réunis. Quelque part se trouve le récit précis de notre mort, en toutes les langues possibles, à côté d’un roman de Stevenson ou d’un livre uniquement pourvu des lettres B, R et T.
« La loterie à Babylon » nous parle d’un ancien jeu de hasard qui ressemble terriblement au jeu de la vie et de ses surprises. « Trois version de Judas » réexamine la culpabilité de Judas : traître ou saint ? « Funes ou la mémoire » explore la possibilité de fatalement se souvenir de tout ce que l’on voit, sent et entend, sans en perdre une seule miette. Combien de temps avant de tomber dans la folie ?
Toutes ces nouvelles pleines d’érudition, de style et d’images fantastiques sauront en séduire plus d’un. Le tout est de s’accrocher pour les moins aisées, quitte à passer à la suivante en cas de blocage. Borges reste moins difficile à lire qu’on le prétend.
Éditions Folio
196 pages
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