Dieu est un voleur qui marche dans la nuit – Quentin Bruet-Ferréol (2022)

Dieu est un voleur qui marche dans la nuit – Quentin Bruet-Ferréol (2022)

En 1997, trente-neuf corps sont retrouvés dans une villa en Californie. Soigneusement couchés sur des matelas, recouverts de draps violets, chaussés de Nike noires, avec cinq dollars en poche. Ils sont tous morts soit de poison, soit d’étranglement. Une chose est sûre, c’est un suicide collectif. Tous les corps ont la même coupe de cheveux « crew cut », les femmes sont impossibles à distinguer des hommes, comme s’ils n’appartenaient pas à un sexe ; les hommes sont castrés.

C’est ainsi que l’on retrouve les membres de la secte Heaven’s Gate, un scandale qui secouera les États-Unis. Chose étrange : leur site web est toujours en ligne à ce jour, et Quentin Bruet-Ferréol, curieux, leur envoie un mail sans trop d’espoir. Il obtient une réponse.

À l’aube du 21ème siècle, beaucoup de sectes mêlant christianisme et science-fiction font leur apparition. Des hommes et des femmes, après la guerre du Vietnam et la fin de la période hippies, se retrouvent perdus, sans but, sans croyance : une poignée invente des religions, des masses s’empressent de les suivre.

Heaven’s Gate est l’une de ces sectes. On découvre l’histoire de Do et Ti, les deux gourous, de leur pérégrination à travers le pays, de leurs épiphanies successives et de la genèse d’une religion folle et aussi pacifique que meurtrière.

Quentin Bruet-Ferréol nous plonge au cœur de cette étrange organisation qui recrute des individus pourtant loin d’être bêtes, mais qui parvient toutefois, grâce à plusieurs techniques de manipulation, à leur faire croire en les histoires les plus fantasques et craindre des démons qui n’existent pas.

J’ai été fasciné par ce roman. J’ai presque fait une nuit blanche pour le finir tellement je ne pouvais le lâcher. Bien loin du jugement, l’auteur plonge au cœur de la psychologie des personnages et nous montre à quel point il peut être facile de se faire convaincre, et nous montre le côté humain de ces être perdus qui cherchait juste quelque chose en lequel croire.

Un premier roman d’une qualité rare.


Éditions Bouquins
442 pages