Combats et métamorphoses d’une femme – Édouard Louis (2021)
La mère d’Édouard Louis a toujours été opprimée par un poids double : celui d’appartenir à la classe ouvrière, et celui d’être née femme.
Elle rêvait d’être cuisinière. Mais elle est tombée enceinte à l’âge de 16 ans. Son mari a insisté pour garder l’enfant. Il buvait. Puis, elle a eu un deuxième enfant. Elle a fini par détester son mari, a pris son courage à deux mains et a décidé de partir. Après un arrêt dans le HLM de sa sœur, elle a rencontré un autre homme. Un homme gentil, différent, qui mettait du parfum.
Mais les belles choses ne durent jamais. Les paillettes se sont vite estompées. Deux enfants et quelques années plus tard, l’homme, blessé au travail, ne pouvait plus travailler. Elle devait s’occuper du foyer, travailler des extras, tout cela sous une pluie d’insultes venant de toutes parts, et surtout de son mari.
L’espoir n’est cependant jamais perdu. À l’âge de 45 ans, elle a décidé de quitter cette vie. Ses enfants étaient assez vieux, l’ingratitude de son mari la dégoutait de plus en plus. Il fallait qu’elle parte. Elle devait se construire sa propre une vie. Ce ne serait peut-être pas la plus belle des vies, rien à voir avec un quelconque idéal que l’on voit à la télé. Mais au moins, ce serait la sienne.
Après avoir parlé de son père dans « Qui a tué mon père », Édouard Louis écrit un livre pour sa mère. À travers chacun de ces angles, il montre comment, dans une certaine classe sociale, tous ses congénères sont à la fois les bourreaux et les victimes. Un récit tout aussi poignant que les autres, que vous lirez d’une traite.
Elle était certaine qu’elle méritait une autre vie, que cette vie existait quelque part, abstraitement, dans un monde virtuel, qu’il aurait fallu un rien pour l’effleurer, et que sa vie n’était ce qu’elle était dans le monde réel que par accident.
Éditions du Seuil
117 pages
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