Baise-moi – Virginie Despentes (1994)
Manu et Nadine sont deux jeunes femmes paumées dans leurs vies, c’est le moins qu’on puisse dire. Emprisonnées dans le quotidien gris d’une banlieue parisienne, elles usent de tous les moyens pour survivre, tant bien que mal. Manu se prostitue, tandis que Nadine joue dans des films pornographiques bas de gamme.
Tout change lorsque, par hasard, chacune commet un crime irréparable. Les mains encore pleines de sang frais, l’une a besoin de quelqu’un pour la conduire au nord, l’autre a un permis. Cet intérêt commun signe le début d’une amitié pas comme les autres, dont l’issue ne peut qu’être fatale. Vous allez voir ce dont sont capables deux femmes maltraitées par leur monde, qui, n’ayant rien à perdre, décide d’arrêter d’obéir à ses règles les plus élémentaires.
‘Baise-moi’ est le premier roman de Virginie Despentes. Bien au-delà de son titre déjà provocateur, c’est un véritable coup de poing. Après tout, ce n’est pas pour rien qu’il a été vivement refusé par sept éditeurs avant de tomber entre les mains de Florent Massot. Les phrases que vous y lirez et les images auxquelles elles donnent vie vous prendront aux tripes. La violence surgit pour enfin être totalement banalisée : on se rend compte alors qu’on a fini par l’accepter ; elle ne choque presque plus.
Une lecture qui ne vous donnera pas la joie de vivre, mais qui vous changera certainement. Loin d’un essai féministe, c’est d’abord une narration crue du quotidien invivable de certaines femmes, et de la révolte de deux d’entre elles, presque devenues folles de douleur, d’humiliation et d’ennui. Ces deux femmes sont dangereuses, méchantes et égoïste, et pourtant, on se surprendra bien vite à les prendre en affection. Un coup de maître.
Elle est surprise d’être aussi vulnérable, encore capable de douleur. Au début, on croit mourir à chaque blessure. On met un point d’honneur à souffrir de ton son soûl. Et puis on s’habitue à endurer n’importe quoi et à survivre à tout prix. On se croit endurcie, souillée de bout en bout. L’âme en acier trempé.
Éditions le Livre de Poche
220 pages
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